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Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/7

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venir plus difficile ſur le choix de mes ſujets, & ſur la maniere de les traiter. Lorſque j’ai fait mention dans la Préface du mariage de Chérubin de mon extrême facilité, je n’ai prétendu qu’excuſer les fautes qui accompagnent preſque toujours un premier eſſai. Je ne promets pas même de me corriger parfaitement, & l’on n’exigera point ſans doute de moi des chefs-d’œuvres.

La Piece que je préſente aujourd’hui au Public eſt ſans doute plus réfléchie ; à la vérité j’y ai mis plus de 24 heures. J’aurai l’orgueil de dire encore que des connoiſſeurs parmi des gens de lettres m’ont vivement ſollicitée de la préſenter aux François, en lui pronoſtiquant un ſort des plus heureux. Ô bonheur, ne ſeras-tu donc jamais fait pour moi, & irai-je encore détruire, en me livrant à un fol eſpoir, le calme & la paix dont je jouis avec la Comédie Françoiſe ! Elle voulut bien accueillir mon premier Ouvrage. Un ſecond rompit les liens qu’elle avoit contractés avec moi. Un paiſible raccommodement a remis les choſes dans leur premier état, & je craindrois trop la rechûte d’une troiſieme lecture. Ce n’eſt point un refus que je redoute ; ſans doute j’en éprouverai plus d’un ; mais ce ſont les entraves, les déſagrémens, l’incertitude d’être reçue, l’attente cruelle d’être jouée, & la trop juſte frayeur d’écheoir à la repréſentation. L’on me dira que ſi tous les Auteurs en agiſſoient de même, il n’y