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Page:Gouges - Remarques patriotiques, 1788.djvu/19

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ger de beaucoup d’entreprises. Les veuves des ouvriers qui perdent leurs maris subitement, trouveroient dans ces asyles un prompt secours pour elles & leurs enfans. Combien de fois n’a-t-on pas vu de ces infortunées qui perdent leurs

    dans votre entreprise contre M. de G. Un Dieu vengeur m’inspire & m’ordonne aujourd’hui de dévoiler votre crime, & de rendre à l’innocent ce qui lui appartient ; j’ai fait appeller Monsieur, (en regardant le Notaire) pour déposer entre ses mains l’aveu que je fais : vous allez le signer ; donnez-moi cette preuve d’attachement, afin que ma conscience ne me poursuive pas au-delà du trépas, & que je puisse mourir en paix. » Quel est l’époux barbare qui résistera à rendre à la vertu, à la religion, dans un moment aussi touchant, tout ce qu’il leur doit. M. de M. n’eut pas le front de démentir son épouse, & pénétré sans doute de ce terrible spectacle, de voir que l’homme à son dernier moment se détachoit du préjugé de la vie, du faste qu’il met à cacher ses crimes & qui ne peut rougir de les avouer aux hommes, dont il se sépare pour aller éternellement habiter auprès d’un Juge, à qui nul mortel ne peut en imposer, M. de M. avoua tout, & signa le testament de son épouse, qui mourut quelques heures après. M. le Comte de G. a été réhabilité, & M. de M. a été renvoyé du Corps dans lequel il servoit depuis trente ans. Mais l’infortune de son adversaire justement attirée, & la réhabilitation de la justice lui rendra-t-il ses biens ?