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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/165

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j’y suis parvenue. J’ai fait emballer les objets auxquels je tenais, et j’ai quitté l’hôtel que nous habitions, désert et désolé maintenant, pour aller partager la vie de mes excellents cousins, qui ne voulaient pas me laisser seule avec les enfants, d’autant qu’une grosse fièvre m’avait prise et m’a tenue quinze jours impuissante et incapable de partir. À présent, je suis mieux, vous revoir achèverait de me guérir. Aussi est-ce très instamment que je vous prie de me donner, si vous le pouvez, un rendez-vous n’importe où, pour que je vous revoie sain et sauf. J’ai eu de si horribles visions pendant ma fièvre !

La guerre a donc été officiellement déclarée. Les Allemands établis à Paris ont dû fuir poursuivis de huées. Il s’est passé des scènes tragiques ; tous ceux qui avaient un nom de consonance allemande étaient bousculés, hués, chassés. On voyait des espions partout.

Alexis m’avait fait inscrire, comme sa cousine, sous son nom. Dans mon pays !

Impossible de partir par les trains allant vers la frontière. Tous sont pleins de soldats et marchent avec une lenteur inouïe. Ma femme de chambre, que Rita a voulu vous envoyer pour vous expliquer notre retard, a mis trente heures à se rendre à Châlons et a fini par nous revenir, ne pouvant aller plus loin.