Page:Gourmont - L’Idéalisme, 1893.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une telle hérésie n’est pas neuve : elle commença de se manifester peu de temps après l’Ascension du Christ et fut propagée par des, hommes simples, étonnés de ce qu’après la purification du monde par le Fils, le monde, cependant, ne fût guère devenu plus habitable.

Les siècles s’en allèrent, et il y avait toujours des Paraclétistes occupés à regarder si un signe n’allait pas paraître au ciel, annonçant la naissance du Roi juste ; ils en virent parfois, des signes, mais faux, ce qui ne les décourageait pas. Ils ne cessèrent de crier, ces crédules charmants, et ils crient encore :

« Il va venir ! il vient ! le règne va s’inaugurer ! Les temps sont proches ! » Les événements qui n’arrivent jamais ont toujours été prédits avec les mêmes formules.

Les clameurs des Paraclétistes, je les ai entendues, — mais il ne, s’agissait ni de religion, ni de rénovation spirituelle : il s’agissait de littérature.

Il y a, parmi les écrivains, un groupe de naïfs entêtés, lesquels, fermant obstinément leurs yeux au présent, regardent, eux aussi,