Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/125

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de son état n’allait pas diminuer l’intérêt même de ses idées. Le prêtre hardi deviendra-t-il un philosophe modéré, ou bien de nouvelles hardiesses seront-elles le fruit de sa libération ? On verra bien. Je disais de lui, avant cette aventure :

« Je veux juger de la forme et non de la qualité de son influence. Je ne sais si nous avons besoin d’un surcroît d’idées morales, mais je sais que M. Charbonnel parle à beaucoup d’âmes et qu’il fut salutaire à beaucoup d’inquiétudes. Sa face qui semble rude est pleine de tendresse pour ceux que la vie a déconcertés, pour les barques dont les voiles folles battent le long des mâts : il redresse les vergues, il oriente de nouveau la voilure, il donne le coup de barre qui décide le voyage ; il est le bon pilote qui connaît la carte des écueils et la rose des vents. »

Je disais encore, et si ce n’était pas une prophétie, maintenant c’est un espoir :

« Qu’importe où va la barque, pourvu qu’elle ne fasse pas naufrage en route ? »