Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/183

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Ah ! ah ! cette vie !

Verse un vin âpre dans la souffrance ! Emplis de lait la poitrine des forts !

Une odeur de violettes excite mon âme à se défaire !

LA PRINCESSE
Est-ce là mourir ?
LE ROI
Ô Père,

Viens ! ô Sourire, étends-toi sur moi !
Comme les gens de la vendange au devant des cuves
Sortent de la maison du pressoir par toutes les portes,
Mon sang par toutes ses plaies va à ta rencontre en triomphe !
Je meurs. Qui racontera

Que mourant, les bras écartés, j’ai tenu le soleil sur ma poitrine comme une roue ?

Ô Bacchus, couronné d’un pampre épais,

Poitrine contre poitrine, tu te mêles à mon sang terrestre ! bois l’esclave !

Ô lion, tu me couvres, tu poses tes naseaux sur mon menton !
Ô… cher… chien !

Sacrée, la princesse reçoit les insignes de la royauté, ironie qui efface Tête d’or, sa vie, sa gloire, sa mort, — et quelle pitié quand la petite main déclouée ne peut se fermer sur le sceptre : un officier lui presse le poing, courbe un à un ses doigts déshonorés !

Mais ayant baisé les lèvres de l’usurpateur, elle