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de-gris, tachée de blanc, poilue et très rugueuse ;
il y a sur elle une légende pieuse ;
la cardamine où va le papillon aurore,
l’isopyre légère et le noir ellébore,
la jacynthe qu’on écrase facilement
et qui a, écrasée, de gluants brillements ;
la jonquille puante, l’anémone et le narcisse
qui fait penser aux neiges des berges de la Suisse ;
puis le lierre-terrestre bon aux asthmatiques.


Cela fait partie d’un « mois de mars » raconté par Francis Jammes (pour l’Almanach des Poètes de l’an passé), petit poème qui parut tel qu’une violette (ou une améthyste) trouvée le long d’une haie, parmi les premiers sourires de l’année. Tout entier, il est admirable d’art et de grâce et d’une simplicité virgilienne. C’est le premier fragment connu de ces « Géorgiques Françaises » où de bonnes volontés s’essayèrent jadis, en vain.


Septima post decimam felix et ponere vitem
Et prensos domitare boves et licia telæ
Addere. Nona fugœ melior, contraria furtis.
Multa adeo gelida melius se nocte dedere
Aut cum sole novo terras irrorat Eous.
Nocte leves melius stipulæ, nocte arida prata
Tondentur : noctis lentus non deficit humor.


C’est avec la même sécurité, la même maîtrise