Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

. . . . . . . . . . . . . . .
Jésus pleurait dans le jardin des oliviers…
On était allé, en grande pompe, le chercher…
À Jérusalem les gens pleuraient en criant son nom…
Il était doux comme le ciel, et son petit ânon
trottinait joyeusement sur les palmes jetées.
Des mendiants amers sanglotaient de joie,
en le suivant, parce qu’ils avaient la foi…
De mauvaises femmes devenaient bonnes
en le voyant passer avec son auréole
si belle qu’on croyait que c’était le soleil.
Il avait un sourire et des cheveux en miel.
Il a ressuscité des morts… Ils l’ont crucifié…


Quand nous aurons (et peut-être l’aurons-nous) un calendrier complet écrit dans ce ton de simplicité pathétique, il y aura d’ajouté aux tomes épars qui sont la poésie française un livre inoubliable.

M. Francis Jammes offrit ses premiers vers au public en 1894. Il devait avoir vingt-cinq ans et sa vie avait été ce qu’elle est restée, solitaire au fond des provinces, vers les Pyrénées, mais non dans la montagne :


Les villages brillent au soleil dans tes plaines,
pleins de clochers, de rivières, d’auberges noires…


Les femmes des paysans « ont la peau en terre