et les Jeunes Filles s’avancent, fleurs en robes de mousseline :
Fleurs au sol attachées
Dans les gazons et les ruisseaux natals cachées,
Fleurs de tiges jamais tachées,
Nulle haleine que du soleil ne s’est sur nous jamais penchée ;
Fleurs sur le sein maternel couchées,
Nous fleurissons dans les feuillées et les jonchées ;
Quelques-unes avant l’heure se sont séchées,
Avant l’heure quelques-unes ont été tranchées ;
Nous avons des pitiés pour les fleurs que l’aurore a fauchées ;
Puisse le sol nourricier nous garder attachées !
Mais, en même temps, elles prévoient sans effroi que le jardinier va venir :
Vers le midi le jardinier viendra cueillir nos têtes prêtes,
Le jardinier aux yeux de joie, aux pas de fête,
Il brisera sous le soleil les robes de nos corolles muettes,
Et nous prendra vers le midi toutes défaites.
Après la résignation, le cri de joie :
Oh ! que douces seront les blessures
Dont il ouvrira nos tiges pures !
Oh ! la délicieuse morsure,
L’arrachement de l’âme et la sûre
Jubilation de notre torture
Au jour de la divine meurtrissure !