Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/60

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Un par un, il connaît et il aime les éléments de la forêt, depuis les « grands doux frênes » jusqu’au « jeune million des herbes », et c’est bien sa forêt, sa personnelle et originale forêt :


Sous ma forêt de Mai fleure tout chèvrefeuille.
Le soleil goutte en or par l’ombre grasse,
Un chevreuil bruit dans les feuilles qu’il cueille,
La brise en la frise des bouleaux passe,
De feuille en feuille ;

Par ma plaine de mai toute herbe s’argente,
Le soleil y luit comme au jeu des épées,
Une abeille vibre aux muguets de la sente
Des hautes fleurs vers le ru groupées.
La brise en la frise des frênes chante…


Mais il connaît d’autres fleurs que celles dont les clairières sont coutumières ; il connaît la fleur-qui-chante, celle qui chante, lavande, marjolaine ou fée, dans le vieux jardin des ballades et des contes. Les chansons populaires ont laissé dans sa mémoire des refrains qu’il mêle à de petits poèmes qui en sont le commentaire ou le rêve :


Où est la Marguerite,
Ô gué, ô gué,
Où est la Marguerite ?