Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/40

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versaire. Vous ne vous donnez pas, et si je vous prends vous vous reprendrez. Je sais cela, je puis en souffrir à mourir, mais cela ne m’arrête pas, et si j’étais seul à souffrir, la souffrance me serait indifférente et même chère.

Le navire a mis à la voile, le vent souffle, il faut lui céder ou faire naufrage. Déjà vous me voyez sur les brisants ; vous me pardonnez d’avance ce que je ne serai pas. Savez-vous ce que je suis pour savoir ce que je ne serai pas ! Cruelle analyste, ne me reprochez pas mon analyse ; la vôtre est plus impitoyable, car elle est moins volontaire. Oui, je vous ai analysée, sous les jours les plus défavorables ; et toujours vous êtes ressortie victorieuse du creuset. L’indulgence, vous n’en avez pas besoin ; faut-il que j’aie la perspective d’avoir besoin de la vôtre ?

Compagnon de route, — déjà de cette association vous parlez comme d’un rêve, et c’est