Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/66

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L’immense joie ce me sera de sentir votre vie liée à ma vie par le ferme lien de nos volontés, de pouvoir vous nommer : Celle qui jamais ne sera séparée de moi, — questa, che mai da me non fia divisa.

Tant voudraient boire à la source où l’on oublie, — moi j’ai bu à la source qui fait qu’on n’oublie pas. En chaque parcelle de mon être, il y a un peu de vous, et tout entière, tu es en moi dans une intime pénétration. Pour t’arracher de moi, il faudrait me dissoudre et m’annihiler. — Et je me laisse aller à cette pensée, qui se prolonge en une rêverie, que sans toi je ne pourrais vivre, et que je veux vivre pour toi. Ame, esprit, sensibilité, tendresse, — intelligence, charme, perfection physique, — chef-d’œuvre, comment ne