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CHANT ROYAL DE L’ÉDEN




JÉSUS, le chimérique empire,
où tu règnes en doux Seigneur,
n’est pas l’oasis où j’aspire
ni l’idéal de mon bonheur.
Ce monde désolé, que blesse
un cœur hautain, en sa noblesse,
m’a fait un génie amer, noir,
fait de dédain et de savoir :
je ne crains le gel ni la flamme,
Jésus, il n’est en ton pouvoir,
l’éden que je veux pour mon âme.