Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ceux, de celles, qui sont à la merci d’une éventuelle dévalisation. Je voulais expliquer ceci, qu’en plus de la porte entr’ouverte ou, enfin, facile à ouvrir, car si on perfectionne trop la fermeture, on risque de s’assurer une sécurité vraiment désobligeante, eh bien ! en plus de cela, il faut qu’il y ait à voler des choses visibles ou soupçonnées, il faut que par des apparences, d’extérieures et attirantes promesses, le voleur soit tenté.

— « Vous m’avez devancé, Madame, en vous décernant ce compliment personnel, j’allais le faire. Mais vous connaissez mieux que moi vos fiefs et tout ce qui doit attirer vers le coffret rêvé les mains curieuses et voleuses.

— « Trop de franchise et trop d’ironie, monsieur d’Entragues, vous n’êtes pas né voleur.

— « Hélas ! il n’y pas chez moi de cachette assez sûre pour de tels larcins. Ce que volerait ma main droite, ma main gauche ne saurait qu’en faire. »

Elle ne parut pas froissée de la franchise un peu brutale de ce désintéressement. Au contraire, elle songeait :

« Ce n’est pas un sot, un autre se serait jeté sur mon imprudence, m’aurait tout de suite engagée à me laisser prendre ! »

De son côté, Hubert, voyant que les noix, décidément, étaient pleines et pas trop fades, se disait :

« Je vais m’amuser à rucher encore quelques pierres vers les branches, comme on dit en ce pays. »

Sixtine le devança :

— « À quel but prétendez-vous ? L’amour est trop