Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/233

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« … Oui… je crois que vous avez quelques illusions sur ma véritable nature… »

Ses mains se rapprochèrent dans le geste d’applaudir. Elle se sentait capable, pareillement injuriée d’un pareil mot. On murmurait.

— Vous vous êtes trompé, dit-elle à Hubert, voici de la sympathie, si ces bruits sont, comme je crois, une marque d’indignation contre l’impudente niaiserie de cet homme.

— Je pense, dit Hubert, que l’on se fâche contre l’audace de la femme. Visiblement pour eux, elle ment à son devoir qui est de mentir et de s’en aller sans bruit vers ses amours.

… Sois honnête et sois riche, le reste est vanité… »

— Il y a une détente, remarqua Hubert. Ce coup de fouet a été reçu comme une flatterie. Ils croient, maintenant, qu’elle va lui reprocher de n’avoir pas été « honnête » et de n’avoir été riche que grâce à elle-même. On respire, on comprend. C’est bon, cela, c’est vivifiant ! Ah ! ah !

Je vous parlai des choses admirables de la terre, je vous parlai de la vraie réalité, de celle qu’il faut choisir…

Sixtine se pencha attirée par le magnétisme des nobles paroles, puis se renversa sur son fauteuil, songeuse, les doigts frémissants, sentant l’impérieux désir d’une main qui eût enveloppé la sienne. Sans remuer la tête, elle tourna les yeux vers Hubert : il écoutait, moins ému que fasciné.

« Je veux vivre ! entendez-vous, insensé que vous