Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/298

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jamais implorée inutilement ! » Si tu n’as pas de condescendance pour mon amour, aies-en pour ma folie. Ne t’aperçois-tu pas que je divagues, et à quel point. Que veux-tu, c’est comme ça quand on aime !

Ainsi, nous allons nous quitter…

Ah ! pourpres virginaux ! sidérales aurores ! Ah ! matinées précoces et tardives tendresses ! Illusoire univers, va-t’en, Satan honteux qui gêne mes caresses ! Elle a souri ! Encore, encore ! Elle m’ouvre ses bras ! Ah ! Dieu ! est-ce possible ? Oui, je savais bien. Ah ! théurgie des mots, rien n’est fermé aux incantations verbales. À quoi tient le bonheur ?

Elle m’ouvre les bras, elle m’aime. Me voilà, me voilà. Comme je vais t’adorer, comme je vais te réciter de belles litanies et toutes les oraisons essentielles ! Me voilà, me voilà. Rien ne me séparait de toi que ta volonté, et ta volonté m’accepte, enfin lavé des souillures humaines par le baptême du sang. Joie plus indéfinissable que l’immaculée conception, la Vierge des vierges ouvre au pécheur les portes d’ivoire de l’amour pur… »

Songeant de telles choses, Guido enjamba la balustrade, précipité vers la madone qui, souriante et les bras inclinés, attendait.— Ave, Rosa speciosa !