Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/115

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pureté de sa fiancée. Il l’aimait trop pour être troublé, même par l’évidence. Aussi a-t-il bien mérité la couronne éternelle que lui décerna l’Église. Si les femmes connaissaient mieux l’histoire de cet excellent jeune homme, de quelle faveur n’orneraient-elles pas son souvenir et son image ! Cécile ne cessa jamais de l’aimer, mais elle m’adorait. Un prestige enveloppait ces cœurs simples. J’achevai leur bonheur en les laissant mourir extasiés, avec la certitude de retrouver, au delà de la mort, leurs baisers interrompus, et de les retrouver éternels.

Cette aventure, mon ami, me fit comprendre la beauté particulière que recelait la nouvelle religion : elle contenait plus de grâce que le paganisme le plus pur et je ne sais quoi d’ingénu et de tendre que je n’avais pas rencontré jusqu’alors. L’insensibilité stoï-