Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un tour de roue, et les mêmes actes. La coïncidence, proche ou lointaine, est peut-être fortuite. C’est en vain que vous pensez et que vous parlez ; l’action se déroule selon un autre plan et les deux plans sont peut-être éternellement insécables l’un par l’autre.

Tout au plus peut-on admettre que le vague spectacle des choses inspire à l’homme un gazouillement pareil à celui qui prend les oiseaux quand se lève le soleil. Mais direz-vous que c’est ce gazouillement, qui fait que le soleil se lève ? Vos raisonnements sur la puissance des idées, qui seraient créatrices d’action, ressemblent à celui-là. Les idées des hommes ne peuvent jamais être que des idées d’après coup. L’avenir ? Savez-vous seulement le temps qu’il fera demain ? Le futur que vous prétendez prévoir n’est qu’un passé arrangé par votre imagination et par votre