Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/159

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De là, la nécessité des progrès matériels, qui ne sont que de grandioses vanités. Au bout des voyages les plus rapides, l’homme et la femme se retrouvent face à face, cherchant dans les yeux l’un de l’autre des motifs de vivre, c’est-à-dire le bonheur.

La terre vous est devenue une cage étroite. Pourtant, c’est votre cage, oiseaux, et il vous est défendu d’en sortir. Vous pouvez la peindre des couleurs les plus tendres ; c’est une cage et c’est votre cage. Vous n’irez plus au ciel, les étoiles sont tombées. Ce ciel, dont rêvait l’enfance de l’humanité, s’il est un paradis, toutes les places y sont prises. Nous n’avons pas besoin de vous, et nous sommes bien où nous sommes : nous ne vous céderons jamais la place. Et puis, à quel moment voudriez-vous entreprendre le voyage ? À votre mort ? Quand on est mort, il est un