Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/34

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Je m’approchai de lui. Il prit mon bras et cela me parut tout naturel. N’étions-nous pas de vieux amis ? Ne l’avais-je pas connu dès l’âge de trois ou quatre ans ? Oui, et bien qu’il fût certainement beaucoup plus âgé que moi, il avait joué avec moi dans mon berceau. Tout cela s’arrangeait très bien dans ma tête. Je le répète, depuis ce moment jusqu’au matin à l’aube, c’est-à-dire tout le temps que je passai avec lui, je n’eus pas un moment d’étonnement. Ce qui arrivait, ce que j’écoutais, ce que je disais, les mouvements inhabituels de la nature, tout me sembla parfaitement à sa place.

Je m’approchai donc et, quand son bras fut passé sous le mien, que je repliai respectueusement et avec la joie d’un amant, un long et précieux entretien commença entre nous.