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BALZAC CHEZ LUI.

loups, aboyèrent en secouant leurs chaînes, et, à ces hurlements, rendus plus déchirants et plus lamentables par le silence de la nuit, se mêlèrent les beuglements de vingt taureaux. L’épisode nous ranima tout à fait, et nous poursuivîmes plus gaiement notre route, ayant maintenant à droite les buttes Saint-Chaumont, frontières de Montfaucon, contre-forts de Belleville.

Nous nous trouvions encore à une certaine distance de notre destination, quand nous vîmes scintiller à travers l’obscurité une petite lueur rougeâtre, clignotante comme l’œil d’un homme ivre sur le point de s’endormir ou de s’éveiller. « Quel est ce palais de fées ? s’informa Balzac. — C’est, lui répondit M. Brissot-Thivars, un cabaret, et ce cabaret, ouvert le jour et la nuit, est connu de tous les employés de Montfaucon et de la Villette sous le nom de Fontaine de Vénus. — Vénus me paraît d’un choix bien heureux, dit Balzac, comme enseigne dans un pareil lieu. — Pour un sou, continua {{M.|Brissot}}, l’on y donne un verre de grog au poivre de Cayenne, que les habitués proclament délicieux. »

Nous étions arrivés à la porte du cabaret de la Fontaine de Vénus.

Avait-on signalé l’arrivée du chef de la salubrité