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BALZAC CHEZ LUI.

pant, mais vite, un véhicule bancal, moitié charrette, moitié radeau. Il criait, il bondissait, il tanguait, il se brisait les reins sur ses essieux. Il faillit enlever l’un des deux montants de la porte, ou de l’espèce de porte, fichée à l’entrée de Montfaucon, quand il tourna, sans ralentir sa vitesse, pour pénétrer dans l’établissement. Il était barbouillé de boue jusqu’au plancher.

Sur ce plancher, à claire-voie, se voyaient debout deux hommes entortillés dans des peaux de mouton, l’un ayant le poil de la bête en dedans, l’autre, plus coquet, en dehors. Le plus jeune tenait une torche allumée qu’il penchait et secouait pour éclairer le passage, et d’où dégouttaient des gerbes d’étincelles et des langues de flamme ; l’autre conduisait l’équipage, les rênes d’une main, un fouet de l’autre. Nous distinguâmes aux clartés rougeâtres qui paraissaient et disparaissaient sur ce char sinistre, quatre choses détendues qui ressemblaient aux quatre jambes d’un animal. Nous nous écartâmes pour laisser passer toutes ces flammes et tout ce bruit. La machine roulante s’arrêta ; aux deux hommes qui en descendirent, se joignirent deux autres hommes accourus du bout de l’établissement, qui tirèrent sans de trop grands efforts, ces quatre jambes ballantes et les mirent d’a-