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BALZAC CHEZ LUI.

partout et toujours, notre candidat. Et quand le gouvernement verra que ce candidat est soutenu par les lances de la Presse, comme par les hallebardes de la Quotidienne, par le fusil à rouet du journal des Débats, comme par le mousquet du Siècle, il faudra bien qu’il accepte notre choix ou le subisse. C’est ainsi que se gouverne le monde, croyez-le bien ; il fait semblant d’aller volontairement comme le cheval sous le cavalier ; mais il obéit au frein, à l’éperon, à la cravache et aux genoux. Avez-vous, — voyons maintenant, — quelques objections à faire à ce colosse de Rhodes de projet ?

— J’en ai quinze cent mille et une, répondis-je.

— Dites-moi la dernière, repartit de Balzac, j’aurai probablement à vous faire grâce des quinze cent mille autres.

— Où prendrez-vous, dis-je, ces journalistes sur la fraternité et le dévouement desquels vous pourrez compter ?

— Leur intérêt me répondra de leur dévouement.

— Je connais les journalistes mieux que vous : ils sont plus indolents encore qu’ambitieux ; n’ayant rien à demander pour eux, ils ne se remueront guère quand il s’agira de solliciter pour les autres ; et votre société, dont je ne connais pas encore le nom, s’en