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BALZAC CHEZ LUI.

est-il qu’on m’offrirait vainement en échange la manufacture de Sèvres tout entière.

« Je sentis qu’il devenait indispensable de mettre le Gascon au diapason du Tourangeau, pour l’honneur déjà bien compromis de la Garonne, et je m’écriai à mon tour : Allons donc, la manufacture de Sèvres ! Vous y perdriez, M. de Balzac, vous seriez refait ! Mais pour loger toutes ces merveilles dont vous parlez si bien, et que j’admire autant et peut-être plus que vous, il vous faudrait un Louvre.

« Je le bâtis ! me répondit sans sourciller mon intrépide interlocuteur ; oui, je le bâtis. — À la bonne heure ! vous calmez mes inquiétudes, M. de Balzac. La grande salle, la salle d’honneur, la salle d’Apollon comme il me plaira de l’appeler le moment venu, me coûte déjà cent mille francs. — Cent mille francs ! — Oui, monsieur, cent mille francs. C’est prodigieux ! — Ce le sera. — Tous les murs sont revêtus de haut en bas de malachite. — De malachite ? — Comme qui dirait du diamant.

« Quelque incroyable que puisse paraître cette conversation, j’en affirme la complète exactitude.

« On se demandera peut-être dans quel but Balzac se livrait à ces exagérations gigantesques. On pourra même se demander s’il avait un but et s’il ne s’aban-