Page:Gozlan - La Dame verte, 1872.djvu/48

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que ses cheveux se tordaient, couleuvres noires, vipères jaunes, autour de son front d’une pâleur implacable en ce moment.

Évidemment tout s’écroulait sur l’échafaudage où sa redoutable machination était dressée, et l’échafaudage lui-même s’abîmait avec elle et sur elle. J’ignorais profondément ce qu’elle avait espéré, mais ce qu’elle avait espéré était brisé, anéanti : poussière. Je n’aurais pas lu cela sur son splendide et féroce visage, que le son de sa voix enrouée par la rage me l’eût confirmé.

— Eh bien, madame, puisqu’il en est ainsi, puisque vous avez vos dix mille francs…

Elle hachait les mots avec un tranchoir : ils saignaient.

L’autre femme ne la laissa pas achever : « Puisque j’ai dix mille francs, répliqua-t-elle, je m’en vais… »

Ce fut sa conclusion à elle.

Toute à sa joie, toute à son désir de rentrer chez elle avec son trésor, elle ne voyait plus ni celle qui lui parlait, ni moi, ni quoi que ce fût au monde. Ce despotisme spontané de la personnalité humaine rentrait trop dans la vérité, il s’expliquait d’ailleurs si bien par la réaction immédiate de la joie sur la douleur éprouvée, qu’il ne m’étonna pas.

— Madame, il me semble qu’il est bien tard, lui dit