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INTRODUCTION



Né dans le Midi, comme son nom de tournure languedocienne l’indique assez, le marquis Besson de Bès était le dernier de sa race, race illustre si l’éclat du sang résultait de la quantité des richesses, et, à l’en croire, ses aïeux auraient sauvé plusieurs fois la monarchie. Mais, comme chaque famille noble se targue de la même prétention, nous nous permettrons quelques doutes à l’égard des services rendus par les Besson de Bès aux rois de France. Nous dirons qu’il fermait complètement sa généalogie ; il était l’extrême racine d’un grand arbre, la goutte dernière et à demi desséchée d’un grand fleuve dont la source avait coulé longtemps. Les biens amassés par ses aïeux ayant roulé de majorat en majorat jusqu’à lui, presque sans altération, il comptait des propriétés immenses, et, à vrai dire, il ignorait lui-même ce qu’il possédait. Une fois il avait essayé de connaître le chiffre réel de ses biens ; mais la tête lui avait tourné, ainsi qu’il arrive à ceux qui, simples calculateurs, s’abîment, une fois dans leur vie, dans les profondeurs inhabituées d’un problème astronomique. Voyons, s’était-il dit, je possède dix-neuf maisons en Touraine, du chef de mon grand-père : je dis dix-neuf maisons ; vingt-trois pêcheries