Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 3, A. Lemerle, 1845.djvu/156

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Paquerette, dont le corps manquait de force pour se soutenir, n’avait jamais tant vécu par le cœur et l’esprit. Ardente et dévorée comme la sibylle antique, elle pénétrait non pas dans l’avenir, mais dans le passé, qui n’avait plus d’illusion pour elle. Le vase de cristal était brisé ; l’eau et les mille couleurs qu’il renfermait avaient fui entre ses doigts.

Elle avait aimé ce qui n’existait pas ; elle avait adoré dans un homme des apparences. Lord Glenmour, tel qu’il s’était montré à elle, tranquille et pur, était un mensonge, un mirage : un jour, après avoir beaucoup marché dans cette voie trompeuse, elle s’était trouvée, comme les voyageurs d’Orient, au milieu de l’aride désert.

L’oasis verte et parfumée n’était que dans son cœur, Glenmour la tuait, comme le désert tue après avoir longtemps égaré. Qu’importe au désert ? Qu’importait à Glenmour ?