Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/111

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la savante méthode des mercenaires syriens. Lysias, mécontent, battit en retraite, se promettant bien de revenir avec une armée plus considérable encore et d’avoir enfin raison de ces Judaïtes, qui se riaient de la mort. — La Judée se trouvait ainsi entièrement débarrassée d’ennemis, à part toutefois l’Acra de Jérusalem, où se cantonnaient encore les incorrigibles Hellénistes avec Ménélaüs, et peut-être aussi une petite garnison syrienne.

Or, les deux victoires décisives d’Emmaüs et de Bethsour avaient complètement changé la face des choses. L’éventualité menaçante était écartée. Depuis le début des persécutions religieuses et la profanation du temple, trois ans et demi environ — la moitié d’une semaine d’années — s’étaient écoulés, selon la prédiction du livre de Daniel (de tammouz 168 à marheschwan 165). A la fièvre meurtrière de cette période avait succédé le calme. Maccabée et son parti profitèrent de ce moment favorable pour se porter vers Jérusalem et mettre un terme aux abominations qu’on lui avait imposées. L’aspect de la sainte cité était accablant pour le cœur de ses fils, qui avaient versé pour son honneur le plus pur de leur sang. Elle était devenue une solitude où, seuls, se prélassaient audacieusement ses insulteurs. Le sanctuaire surtout offrait l’image de la désolation : les portes brûlées, les portiques saccagés, partout des autels païens, et la statue de Jupiter, et l’effigie de l’impie Antiochus.

Mais les pieux guerriers n’avaient pas le loisir de s’abandonner au deuil et à la douleur : il fallait agir sans retard, car on pouvait être interrompu inopinément dans l’œuvre réparatrice. Leur premier soin fut de mettre en pièces la statue de Jupiter et d’éloigner des saints parvis ces pierres impures et les autres abominations (3 kislew - novembre 165). Ce n’est pas tout : l’autel même, cet autel souillé par tant de profanations, ne semblait plus digne de servir aux sacrifices ; un autel nouveau le remplaça. On posa de nouvelles portes, aux vases sacrés on en substitua d’autres. Trois semaines suffirent à tous ces travaux préalables, et le 25e jour du mois de kislew, au matin, eut lieu la dédicace du temple, consacré par des sacrifices et des actions de grâces. Les deux consécrations antérieures de la maison de Dieu ne s’étaient probablement pas faites avec plus de recueillement et de bonheur