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On travailla également à la réparation des ruines dont Jérusalem était couverte.

Toutefois, l’ivresse des premiers jours ne devait pas durer longtemps ; la lune de miel s’écoula vite et fit place à de cuisants soucis. Tout près de la frontière de Juda vivait la population hétérogène des Samaritains ou Cuthéens, lesquels, initiés par des prêtres israélites du temple de Béthel, avaient adopté partiellement le culte de ce peuple, mais conservé en même temps les rites et l’esprit de leur idolâtrie première.

Or, on vit inopinément se présenter dans Jérusalem des chefs samaritains, exprimant le désir de prendre part à la construction du temple et d’être accueillis comme membres de la communauté judaïque. La proposition parut assez grave pour donner lieu à une délibération, dont la conclusion fut un refus. Zorobabel déclara aux chefs samaritains qu’on ne pouvait leur permettre de participer aux travaux du temple. Cette décision était grosse d’ennuis et de troubles pour Israël. Les Samaritains, depuis ce moment, poursuivirent de leurs ressentiments et de leurs haines l’État judaïque. Ce fut une série de collisions incessantes entre cet État et ses voisins du nord.

Ces derniers, par leur hostilité systématique, montrèrent qu’ils avaient bien moins à cœur de prendre part au culte de Jérusalem que de nuire à la république juive et d’entraver la construction du temple. Tandis que, d’un côté, ils s’efforçaient, à l’occasion, de refroidir l’ardeur des Judaïtes pour cette œuvre, de l’autre ils y nuisaient directement en soulevant contre elle l’opposition des fonctionnaires persans. Sous l’influence de cette double cause, les travaux furent discontinués pendant quinze ans. Ainsi se reproduisait, pour les Israélites, la fâcheuse situation où s’étaient trouvés leurs pères après leur entrée dans le Canaan. La morceau de terre conquis par eux leur était disputé par les peuplades voisines, et ils se heurtaient partout à des antagonismes. Qu’y pouvaient-ils faire ? Ils étaient à peu près sans armes pour briser ces obstacles.

Dans ce triste état de choses, chacun pensait à soi-même, non au bien public. De la construction du temple, naturellement, il n’était plus question. Les principaux chefs de famille, les grands,