Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/128

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plus longtemps le joug abhorré de la Grèce, que le sort du judaïsme dépendit des caprices d’un despote syrien ou des intrigues d’une faction perverse. Ce n’était pas seulement la liberté religieuse qu’ils prétendaient fonder dans leur pays, c’était aussi l’indépendance politique. — Mais pour cette considérable entreprise, de constituer un État judaïque indépendant, les ressources dont disposaient les Hasmonéens leur semblaient absolument insuffisantes. Ils écoutèrent donc les conseils de la prudence humaine, en cherchant à suppléer, par une assistance étrangère, à leur propre impuissance. C’est ainsi qu’ils entamèrent des relations avec Rome et aussi, parait-il, avec les Parthes, qui avaient pareillement secoué le joug de la Syrie. Mais cette politique terrestre ne pouvait plaire à leurs alliés, les Hassidéens, qui, mettant leur confiance exclusivement en Dieu, attendaient de lui seul, comme dans l’histoire biblique, l’anéantissement miraculeux de leurs ennemis, et qui blâmaient le recours à l’étranger comme un manque de foi à la puissance divine : Il vaut mieux se fier à Dieu qu’aux hommes ; il vaut mieux compter sur Dieu que sur les princes ! Il est à supposer que ce mécontentement fut une des causes qui les séparèrent des Hasmonéens et, par suite, réduisirent le nombre des combattants, circonstance à laquelle on peut attribuer lai mort de Juda.

De ces trois partis, celui des Hasmonéens était le seul qui pût arriver à prendre le timon des affaires. Les Hellénistes avaient trop violemment rompu avec le gros de la nation pour pouvoir espérer un avenir. Pour les Hassidéens, leurs vues étroites et leur placide indifférence les rendaient incapables de dominer l’anarchie pour y substituer l’ordre. Or, elle était terrible l’anarchie dont la Judée était alors le théâtre. Les deux partis armés — les Hasmonéens et les Hellénistes — s’attaquaient et s’entredéchiraient en toute rencontre ; nulle autorité régulière n’existait dans le pays, d’ailleurs en proie à une famine qui aggravait encore ce triste état de choses. Cette situation troublée est ainsi décrite dans le document primitif : Il y avait une grande affliction en Israël, comme il n’y en avait pas eu depuis le jour où la prophétie avait cessé.

Dans leur désespoir, les Judéens tournèrent leurs regards vers