Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/170

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étaient entièrement au pouvoir de la Judée. Hyrcan eut même la joie de voir l’abaissement de son ennemi Ptolémée Lathuros. Celui-ci, qui vivait en mésintelligence avec sa mère, se rendit à la fin si insupportable à cette dernière, qu’elle souleva contre lui la population d’Alexandrie et le fit chasser de la ville (108). Comme il fuyait sur un vaisseau à destination de Chypre, Cléopâtre envoya une armée à sa poursuite, mais les soldats se rangèrent de son côté ; seule la troupe judaïque du district d’Onion, commandée par les lieutenants Helcias et Ananias, fils d’Onias, resta fidèle et essaya de le chasser de l’île. A Alexandrie comme en Palestine, les Judéens jouaient alors un grand rôle, se prêtant un appui mutuel, combattant ensemble l’ennemi commun, Lathuros, et son allié Antiochus Cyzicène. Hyrcan, lui aussi, eut ses monnaies avec des inscriptions en vieil hébreu. Mais il n’imita point la retenue de son père et il y mit son titre : Johanan, grand prêtre. Toutefois, une partie de ses monnaies porte cette addition à la légende ordinaire : et la communauté des Judéens, comme s’il avait senti la nécessité d’indiquer qu’il n’exerçait le droit de battre monnaie qu’au nom du peuple. D’autres monnaies portent une inscription différente : Johanan, grand prêtre et chef de la communauté des Judéens. Quant à l’emblème, ce n’était pas le lis des monnaies de son père Siméon. A l’imitation des princes macédoniens, celles de Hyrcan portaient une corne d’abondance.

Vers la fin de son règne, Hyrcan prit de plus en plus des allures de prince temporel. Tous ses efforts tendirent à agrandir son territoire et à fortifier son pouvoir. Il paraît même avoir jeté des regards de convoitise sur la vaste contrée qui commande la route de Damas. La conquête de l’Iturée (à l’est de l’Hermon), conquête achevée par son successeur, avait été préparée par lui. Un mouvement puissant qui se produisit à l’intérieur et qu’il ne put maîtriser, puis sa mort qui suivit de près, l’empêchèrent de mettre son projet à exécution. Ce mouvement, peu apparent à son début prit une tournure si malheureuse que l’édifice péniblement construit par les Hasmonéens en fut ébranlé. Pour la seconde fois, l’État judaïque, parvenu à son plus haut degré de puissance, dut voir que le pouvoir matériel lui échapperait toujours.