Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/176

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En raison de leur piété rigide et de leur extrême bonté, le peuple voua aux Pharisiens un attachement profond et respectueux.

Le parti directement opposé à celui-là poursuivait, comme nous l’avons déjà fait remarquer, une politique nationale. Les Sadducéens comptaient dans leurs rangs toute l’aristocratie judaïque, les hommes de guerre, les chefs militaires, les hommes d’État, ceux qui avaient acquis des honneurs et de la fortune, ou que leurs fonctions d’ambassadeurs auprès des cours étrangères avaient mis en rapport plus intime avec le dehors et qui avaient adopté ainsi des habitudes plus mondaines. Véritable noyau du parti des Hasmonéens, ce sont les Sadducéens qui le servirent le mieux dans les luttes et dans les négociations. Il y avait aussi parmi eux des hellénisants qui s’étaient effrayés de la défection et qui s’étaient amendés. Ce nom de Sadducéens leur venait sans doute d’un de leurs chefs, Tsadok (Saddouk). Pour les Sadducéens, l’intérêt de l’État primait l’intérêt de la doctrine et de la loi judaïques. Leur passion dominante, c’était un ardent patriotisme. La piété n’occupait que la seconde place dans leur esprit. En véritables hommes d’État, ils avaient acquis la persuasion que la confiance en Dieu et la pratique scrupuleuse des lois religieuses ne pouvaient suffire à assurer l’indépendance de l’État judaïque. Ils posèrent en principe que chacun devait consacrer toute sa force physique et toute son influence morale à cette œuvre nationale ; qu’il ne fallait pas se laisser arrêter par des considérations religieuses, lorsqu’il s’agissait d’alliances politiques à conclure ou de guerres à entreprendre, quand même elles auraient pour conséquence inévitable la violation des prescriptions du culte. L’homme, disaient-ils, a reçu le libre arbitre en partage, afin qu’il travaille lui-même à son bonheur, qu’il soit le maître de son sort. Dieu ne se mêle en aucune façon des affaires humaines. La récompense et le châtiment de la bonne ou de la mauvaise conduite résultent des actes mêmes, et il est inutile d’admettre la résurrection. Ainsi, sans nier précisément l’immortalité de l’âme, les Sadducéens rejetaient absolument la croyance à une justice réparatrice, s’exerçant après la mort. — Gêné et paralysé par la masse des préceptes religieux, le parti sadducéen en contestait le degré de validité et d’obligation. Mis en demeure