Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

projet. Hérode renferma en lui-même sa vengeance, se réservent de la faire éclater plus tard.

Le meurtre de César (44), qui produisit dans l’empire romain une agitation si profonde, fut pour la Judée la source de nouveaux ennuis. C’est à bon droit que les Judéens de Rome pleurèrent sa mort et passèrent plusieurs nuits à se lamenter auprès de son bûcher. Pour Rome, les convulsions intérieures, les guerres, les proscriptions n’étaient, au fond, que les douleurs de l’enfantement d’un nouvel état de choses. Pour la Judée, au contraire, elles étaient les signes d’une décomposition prochaine. Comme sur beaucoup de points de l’empire romain, les gouverneurs républicains de la Judée opprimèrent le parti de César pour reculer à leur tour devant lui. Le républicain Cassius Longinus était venu en Syrie (automne de 44) pour réunir des légions et de l’argent. De la Judée, il exigea sept cents talents. Cassius était pressé, car, à chaque instant, le pouvoir discrétionnaire dont il jouissait pouvait lui échapper. Aussi fit-il saisir et vendre comme esclaves les habitants de quatre villes du sud de la Judée, Gophna, Emmaüs, Lydda et Thamna, parce qu’ils n’avaient pu payer assez vite la taxe imposée.

Le malheureux fantôme de roi qui régnait en Judée comprit enfin que les Iduméens, sous les dehors d’un ardent dévouement, ne servaient que leur propre ambition. Il commença à se montrer méfiant à leur égard et, comme il avait toujours besoin d’un appui, il se tourna vers Malick, qui avait pénétré depuis longtemps la fourberie de la famille iduméenne. Et pourtant Hyrcan ignorait encore le projet d’Hérode de le détrôner et de se faire reconnaître des Romains comme roi de la Judée, en se faisant appuyer par leurs légions contre une résistance éventuelle. Il ne servit de rien à Malick de faire empoisonner Antipater. Il croyait, en supprimant le vieil intrigant, couper le mal à sa racine ; mais Hérode surpassait de beaucoup son père en dissimulation, autant qu’en énergie et en audace. Une tentative faite par Antigone, le dernier fils survivant d’Aristobule, pour dépouiller les Iduméens de leur pouvoir, échoua également, et Hérode, à son entrée dans Jérusalem, reçut les palmes triomphales des mains de Hyrcan. Pour se débarrasser de la crainte que lui inspirait sa puissance, Hyrcan résolut