Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/244

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don d’un riche habitant d’Alexandrie, nommé Nicanor, qui était sans doute, à cette époque, l’arabarque des Judéens d’Égypte. Cette porte était désignée sous le nom de porte de Nicanor. De la porte de Nicanor, un escalier de quinze marches conduisait à la cour d’Israël, dans laquelle on pénétrait par une porte appelée la porte haute, à cause de sa position élevée. Le toit du temple était muni de pointes dorées, destinées à empêcher les corbeaux et les autres oiseaux d’y venir nicher. Ces pointes servaient en même temps de paratonnerres, mais les constructeurs n’avaient guère songé à cet emploi.

La dédicace du nouveau temple bâti par Hérode effaça, par sa pompe, les magnificences déployées lors de la dédicace du temple de Salomon. On immola hécatombes sur hécatombes et l’on offrit des festins au peuple. Le jour de l’inauguration tomba précisément vingt ans après qu’Hérode se fut, de ses mains sanglantes, emparé de Jérusalem (juin 18). — Mais celui-là même qui avait construit le temple avait en même temps allumé la torche qui devait le consumer. C’est en effet sous la sauvegarde de Rome qu’Hérode plaça le saint monument. Au-dessus de l’entrée principale, il avait, au grand scandale des pieux Israélites, fixé un aigle d’or, symbole de la puissance romaine. La tour Antonia, destinée à surveiller le temple, fut reliée au sanctuaire par un passage souterrain, pour faciliter la répression des moindres soulèvements qui pouvaient éclater. La défiance vis-à-vis de ce peuple qu’il avait asservi étreignait le cœur d’Hérode.

Dans la dernière période de son règne, un malheur terrible vint frapper Hérode, alors âgé d’environ soixante ans, et le mit dans cet état de sombre désespoir où l’homme finit et où la bête commence. Les cadavres de ses innocentes victimes se dressaient devant lui comme des fantômes, le poursuivant endormi ou éveillé, faisant de son existence un supplice infernal et sans fin. Vainement il chercha un cœur ami pour lui demander conseil ou consolation. Salomé, sa sœur, Phéroras, son frère, ses propres enfants, tous étaient devenus ses ennemis et conspiraient contre son repos et sa vie. Cette existence tourmentée le rendit encore plus implacable et plus féroce pour tout son entourage. La cause première de son malheur, ce fut la mort de Mariamne. Elle lui