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CHAPITRE XIII


LES PRINCES HÉRODIENS
LES PROCURATEURS ROMAINS
(de l'an 4 avant J.-C. à l'an 37)


Malgré les malheurs qui désolèrent le règne d’Hérode, cette époque peut s’appeler heureuse, en comparaison du règne suivant. Sous Hérode, l’État judaïque avait une certaine apparence de grandeur extérieure et brillait d’un certain éclat. Les frontières de la Judée étaient plus étendues qu’au meilleur temps du règne de Hasmonéens. Les territoires pour la possession desquels les Hasmonéens Aristobule Ier et Alexandre Ier avaient guerroyé de longues années, sans pouvoir les conquérir entièrement, Hérode les avaient obtenus par un trait de plume. Les villes de la Judée s’élevaient superbes et rajeunies, ornées de tout ce que l’art grec pouvait produire de plus beau ; il est vrai que l’honneur en revenait pli aux gouvernants romains et à la famille d’Hérode qu’à la nation même. Les ports, en particulier celui de Césarée, regorgeaient de vaisseaux ; le commerce se développait, sans toutefois que à revenus qu’il produisait ajoutassent quelque chose à la fortune publique. Le temple, restauré et renouvelé, resplendissait de beauté on pouvait croire, en le voyant, qu’on était revenu au temps de Salomon ; seulement, les prêtres étaient obligés d’y offrir des sacrifices pour le salut de tyrans qu’ils détestaient. Le pays jouissait même d’une certaine indépendance : le joug romain était invisible au premier regard. Mais ce n’étaient là que des apparences qui s’évanouirent aussitôt après la mort d’Hérode, l’auteur de cet prospérité factice. Lorsque les rênes du pouvoir échappèrent ses mains expirantes, il se produisit dans la vie nationale un