Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/297

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au rebours de Posidonius, de Molon et autres détracteurs du judaïsme, Strabon en préconise la doctrine comme encourageant la vertu, comme assurant la bienveillance divine à tout homme juste et honnête… Strabon raconte que les premiers successeurs de Moïse vécurent conformément à ses lois, pratiquant la justice et la véritable crainte de Dieu. C’est avec la plus grande vénération qu’il parle du sanctuaire de Jérusalem. Bien que ses gouvernants, au mépris de la pure doctrine de Moïse, eussent malmené le peuple, la capitale des Judéens, selon lui, a cependant conservé à leurs yeux une certaine majesté, si bien qu’ils ne la considèrent pas comme le siège de la tyrannie, mais plutôt comme l’auguste résidence du Seigneur.

Mais Strabon fait exception parmi les écrivains grecs, qui, en général, ne manquent pas une seule occasion de diffamer les Judéens et leur doctrine. Tel est surtout l’Égyptien Apion, qui, enflammé de jalousie et de haine par les succès des Judéens, composa tout exprès contre eux un libelle où il poursuivait de ses sarcasmes ceux de cette nation qui avaient occupé un rang élevé à Alexandrie, et où il rappelait l’animosité de Cléopâtre contre les Judéens. Apion fut le premier païen qui fit une campagne en règle contre le judaïsme.

Ces dispositions malveillantes des Alexandrins, inspirées à la fois par l’envie, la haine religieuse et l’antipathie nationale, durent se contenir sous Auguste et Tibère, parce que les gouverneurs impériaux de l’Égypte réprimaient sévèrement toute manifestation violente. Il en fut autrement sous Caligula : les habitants païens d’Alexandrie savaient que le gouverneur Flaccus, qui avait été l’ami de Tibère, était suspect, comme tel, aux yeux de son successeur et que celui-ci prêterait facilement l’oreille à toute accusation portée contre lui. Flaccus lui-même craignait tant d’attirer l’attention du vindicatif empereur et d’être accusé auprès de lui, que la populace d’Alexandrie lui fit faire tout ce qu’elle voulut. Il ferma les yeux sur le complot formé par elle et lui servit même d’instrument. En apprenant qu’Agrippa avait reçu le diadème royal, les païens d’Alexandrie en conçurent la plus vive jalousie. La joie de leurs concitoyens judéens, avec lesquels Agrippa était en relation par l’intermédiaire de l’arabarque Alexandre, les exaspéra