Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/305

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accepter l’élection des prétoriens et avait décidé le sénat à le reconnaître. Il fallait que Rome fût tombée bien bas pour qu’un méchant petit prince judéen pût prendre la parole dans son sénat, se mêler à ses délibérations et imposer en quelque sorte un maître à l’empire. Du reste, Claude ne se montra pas ingrat envers ce prince. Il fit son éloge en plein sénat, l’investit de la dignité consulaire et le fit roi de toute la Palestine, en joignant la Judée et la Samarie à son royaume. Pour perpétuer le souvenir de ces faveurs, Claude, par une imitation pédantesque des anciens usages, en fit graver la mention sur des tables d’airain et frappa une médaille commémorative portant, d’un côté, deux mains entrelacées, avec l’inscription : Amitié et alliance du roi Agrippa avec le sénat et le peuple romain. Ainsi la Judée se retrouvait, sous Agrippa, aussi étendue, plus étendue même qu’elle n’avait été sous les rois hasmonéens et sous Hérode Ier.

Hérode II, frère et gendre du roi Agrippa, reçut de Claude le titre de préteur et la principauté de Chalcis, près du Liban, de sorte que cette portion de la Syrie se trouva faire, jusqu’à un certain point, partie de la Judée. Les événements qui se produisirent à Rome, après la mort de Caligula, furent également favorables aux Judéens d’Alexandrie. L’empereur Claude, qui était ami de l’arabarque Alexandre, le tira de la prison où l’avaient fait jeter ses prédécesseurs, et termina la querelle des habitants d’Alexandrie au profit des Judéens. Ce prince rétablit aussi la dignité d’arabarque, à laquelle les Judéens d’Égypte tenaient fort, parce qu’elle les affranchissait de la dépendance des fonctionnaires romains et les plaçait sous la juridiction exclusive d’un chef choisi dans leurs rangs. A la sollicitation d’Agrippa, Claude octroya à tous les Judéens de l’empire la liberté religieuse, et ne permit à aucun païen de les inquiéter dans l’exercice de leur culte.

Lorsque le roi Agrippa, comblé d’honneurs par l’empereur, quitta Rome pour se rendre en Judée et y prendre possession de son royaume, il fut aisé de voir qu’une transformation s’était opérée en lui et que la révolution qui, à Rome, avait brisé un empereur orgueilleux et donné la couronne à un esprit faible, avait produit sur son âme une impression profonde. Le frivole jeune homme avait fait place à l’homme grave ; le courtisan était devenu un