Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/325

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né l’an 1, mort vers 55) qui, bien que le plus jeune, devint le favori de ses parents. Pour soustraire ce prince à la jalousie de ses frères, Monobaze l’envoya à la cour d’un de ses amis, roi de la contrée appelée Mésène ou Characène, à l’embouchure du Tigre. Ce monarque, nommé Abinerglos (Abennerig), conçut pour le jeune prince une amitié si vive qu’il lui donna sa fille en mariage. A sa cour venait d’habitude un marchand judéen, Anania, qui tout en vendant ses marchandises aux princesses leur avait vanté les beautés du judaïsme et avait su le leur faire aimer. Samakh, femme d’Izate et l’une de ces néophytes, parla d’Anania à son époux, qui eut plusieurs entretiens avec le marchand, et qui conçut tant de vénération pour le judaïsme, tant d’estime pour son habile interprète, qu’il finit par adopter l’un et par attacher l’autre à sa personne (vers l’an 18). La reine Hélène avait, elle aussi, embrassé le judaïsme à l’insu de son fils et à l’instigation d’un autre convertisseur.

L’influence moralisatrice du judaïsme se manifesta dès la mort de Monobaze. Le vieux roi en mourant avait désigné pour son successeur Izate, à l’exclusion de ses frères aimés. Lorsque Hélène communiqua aux grands de l’Adiabène les dernières volontés de son époux, ceux-ci lui conseillèrent un crime assez fréquent dans les cours asiatiques. Pour assurer la paix publique et empêcher les frères évincés de fomenter une guerre civile, ils proposèrent de les faire mettre à mort. Mais Hélène, dont la croyance nouvelle avait transformé le cœur, rejeta cette criminelle proposition, et se contenta de faire arrêter les frères du roi. Elle ne fit d’exception que pour son fils aîné, Monobaze II, à qui elle confia la régence. Et même, lorsque Izate arriva dans la capitale et, conformément à la volonté du feu roi, reçut la couronne des mains de Monobaze (vers l’an 22), il mit fin à la détention de ses frères, jugeant trop cruel de sacrifier leur liberté à sa propre sécurité.

Une fois sur le trône, Izate voulut se déclarer ouvertement pour le judaïsme et songea même à se faire circoncire. Mais sa mère et son maître Anania lui-même le dissuadèrent de ce coup de tête. Anania, qui était sans doute un hellénisant, essaya de lui prouver que la circoncision ne lui était pas indispensable. Izate se rendit d’abord à leurs observations ; mais plus tard un Judéen de Galilée,