Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/368

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origine. Par contre, des Judéens modérés, quelques-uns même anciens amis de Rome, obtinrent les préférences du peuple. Joseph ben Gorion et Anan, fils d’Anan, qui avait été quelque temps grand prêtre, reçurent l’importante mission de surveiller Jérusalem et les travaux de fortification. Outre ceux-ci, on nomma encore cinq gouverneurs pour diverses parties du pays. Le poste le plus considérable fut confié à Josèphe ben Matthia[1]. Le peuple se laissait encore éblouir par le prestige de la noblesse et ne pouvait se résoudre à élever au premier rang des hommes courageux et dévoués, mais obscurs. Le centre de gravité du gouvernement résidait dans le Grand Sanhédrin et, par suite, dans son président, Siméon ben Gamaliel, ainsi que dans ses assesseurs Anan et Joseph ben Gorion. Bien que Siméon fût, le chef des Pharisiens et que l’ancien grand prêtre, Anan, ne fit pas mystère de ses opinions sadducéennes, cette divergence dans leurs idées religieuses ne les empêcha pas de marcher d’accord. L’amour du pays dominait chez eux les querelles de parti. Toutefois, l’unité n’était qu’apparente : les membres nobles du Sanhédrin, au fond partisans de Rome, jetaient souvent, par leur dissidence, le trouble et l’incertitude dans les délibérations. Le dissentiment dans les vues produisait des demi-mesures et paralysait l’énergie de l’exécution. D’ailleurs, le Sanhédrin dut plus d’une fois céder à la volonté populaire, volonté changeante et toujours maîtresse en temps de révolution.

Après deux ans à peine d’une administration tiraillée et sans force, le Sanhédrin tomba sous le poids de son inertie et dut abandonner les rênes aux plus fougueux zélateurs.

  1. Flavius Josèphe, l’historien.