Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/373

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d’un solitaire nommé Banus, qui vivait dans un désert, se nourrissait de fruits sauvages et, à la façon des Esséniens, se baignait tous les jours dans une eau vive. Avide de savoir, Josèphe songea aussi à s’approprier la culture grecque. A l’âge de vingt-sept ans, il eut occasion d’aller à Rome pour intercéder en faveur de deux Pharisiens qu’on y retenait prisonniers. Introduit par un certain Alityros, comédien juif, auprès de l’impératrice Poppée, il réussit à obtenir l’élargissement de ses protégés, et Poppée, qui aimait les Judéens, lui fit en outre de riches cadeaux. Le séjour de Rome eut une influence décisive sur le caractère de Josèphe. L’éclat de la cour de Néron, l’activité étourdissante de la grande capitale, la majesté imposante des institutions romaines l’éblouirent si fort, que Rome lui sembla promise à l’éternité et spécialement protégée par la Providence. Il ne voyait pas, sous la pourpre et l’or, les ulcères qui rongeaient ce corps de géant, et dès ce moment, Josèphe devint un adorateur de la puissance romaine.

Cette admiration enthousiaste devait lui faire paraître bien mesquines et bien misérables les petites affaires de la Judée. Comme il dut rire des rêves de ces zélateurs qui ne parlaient de rien moins que de chasser les Romains de la Judée ! Apparemment, pensait-il, ces gens ont perdu l’esprit. Aussi essaya-t-il d’étouffer dans l’œuf leurs projets de révolution. Mais quand il vit le peuple courir aux armes et engager sérieusement la lutte, il se cacha dans le temple avec quelques autres partisans de Rome et n’osa en sortir que lorsque les zélateurs modérés, sous la conduite d’Éléazar, eurent la haute main dans Jérusalem. Craignant de s’attirer la colère des patriotes par ses sympathies notoires en faveur des Romains, Josèphe fit montre d’un profond amour pour la liberté, tandis qu’il se réjouissait eu secret de l’arrivée prochaine de Cestius, qui allait venir, avec toutes ses forces, mettre fin à tous ces beaux rêves d’indépendance. Toutefois, l’événement trompa ses espérances : Cestius dut opérer une retraite qui ressemblait à une fuite.

On ne peut guère s’expliquer comment Josèphe, l’ami des Romains, put se voir confier le gouvernement le plus considérable de la Galilée. Il en fut, sans aucun doute, redevable à son ami, le