Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/377

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L’esprit borné des Galiléens n’était pas capable de lire dans le double jeu qu’il jouait. Josèphe et Jean se portaient réciproquement une haine mortelle, mais ne le cédaient guère l’un à l’autre en ruse et en dissimulation.

Lorsque Jean eut acquis la certitude que la plupart des Galiléens, croyant aveuglément au patriotisme et à la bonne foi de Josèphe, le soutenaient de toutes leurs forces, il envoya son frère Siméon avec cent autres députés au Sanhédrin de Jérusalem, pour dénoncer sa conduite et pour demander sa révocation et son rappel. Le président du Sanhédrin, Siméon ben Gamaliel, qui était ami de Jean et qui se défiait de Josèphe, ainsi qu’Anan, l’ancien grand prêtre, appuyèrent cette proposition et obtinrent que le tribunat envoyât en Galilée quatre députés chargés de forcer Josèphe, par tous les moyens possibles, à résigner ses fonctions, et de le ramener mort ou vif à Jérusalem. Aux grandes communautés de Tibériade, Sepphoris et Gabara, le Sanhédrin adressa des missives déclarant Josèphe traître à sa patrie et les invitant à lui refuser tour concours. Le danger était grand pour le gouverneur. Mais il manœuvra avec tant d’art et d’activité qu’il déjoua les mesures prises contre lui. D’une part, en effet, il aimait trop ses fonctions pour y renoncer ; mais, d’autre part, il n’osait braver ouvertement l’autorité du Sanhédrin : aussi eut il recours à la ruse. Averti par son père des dispositions hostiles du Sanhédrin à son égard, il feignit d’être occupé des préparatifs de la lutte contre les Romains, et, aux sommations des délégués de se présenter devant le Sanhédrin, il répondit d’une manière évasive, tout en se déclarant volontiers disposé à abandonner sa charge. Il chercha surtout à rendre la population défavorable aux délégués. Ceux-ci coururent de ville en ville sans obtenir de résultat et faillirent même plus d’une fois être maltraités par les partisans de Josèphe.

Fatigués de ces pérégrinations, les délégués, conseillés par Jean, résolurent d’envoyer sous main des émissaires dans toute la Galilée, pour faire savoir que Josèphe était déclaré suspect et que chacun était délié de son obéissance. Informé de cette résolution par un dénonciateur, Josèphe, avec une promptitude digne d’une meilleure cause, fit occuper par ses gardes les défilés de la route