Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/389

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Anan fomenta ainsi la guerre civile. Sous sa conduite, nombre de Jérusalémites entreprirent une lutte contre les zélateurs, lutte qui fut le signal des dissensions intestines. Les modérés, supérieurs en nombre, chassèrent successivement leurs adversaires de toutes les parties de la ville vers la colline du temple et les forcèrent de se retrancher derrière la deuxième enceinte. Sur ces entrefaites, le bruit se répandit à Jérusalem qu’Anan et ses partisans songeaient à appeler les Romains. Cette nouvelle détermina les zélateurs galiléens, commandés par Jean de Gischala, à secourir au plus tôt leurs amis assiégés dans le temple. Ils convinrent avec eux d’inviter, par lettres, les Iduméens à venir en aide à la ville, menacée de toutes parts et livrée aux mains des traîtres. Heureux de cette occasion de satisfaire leurs goûts belliqueux, vingt mille Iduméens accoururent devant Jérusalem, sous la conduite de leurs quatre chefs, Jean, Siméon, Pinehas et Jacob. Mais Anan, averti de leur arrivée, fit fermer les portes et doubler les gardes.

La nuit suivante fut une nuit d’horreur et d’angoisse pour le parti d’Anan. Les éléments se déchaînèrent avec furie, le bruit de la tempête se mêlait au fracas du tonnerre et toute la nature semblait bouleversée. Les Iduméens, plus aguerris à ces scènes, ne bougèrent pas ; mais nombre de gardiens de la ville quittèrent leurs postes pour chercher un abri dans les maisons. Anan lui-même se relâcha cette fois de son infatigable surveillance. Quelques zélateurs purent s’approcher de la ville, à la faveur de l’obscurité, et scier les verrous de fer d’une porte mal gardée ; le grincement de la scie était couvert par le bruit du tonnerre et par les mugissements du vent. La ville était dès lors ouverte aux Iduméens. Ils attaquèrent par un côté, tandis que les zélateurs, tombant à l’improviste sur les gardes et les mettant en fuite, pénétraient par l’autre. Les habitants furent appelés aux armes et une lutte affreuse s’engagea, où le combat des hommes semblait rivaliser avec celui des éléments. Bientôt les modérés, à bout de courage, posèrent les armes, et les Iduméens se répandirent dans la ville, ivres de fureur, massacrant tous ceux qu’ils savaient contraires à leurs idées. Le soleil, en se levant, éclaira un champ de carnage. Plus de 8.000 morts, dit-on, jonchaient les rues de la ville (adar, février-