Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/59

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qui enivre, ni l’or qui éblouit, et pouvait au besoin s’appuyer sur la force des armes. La Grèce entière dut se livrer à cet homme et, frémissante, mais docile, acquiescer à ses desseins. Cet heureux dominateur fut le roi de Macédoine, Philippe. Grâce à l’unité de sa conduite et de son armée, à son astuce et à son or, toute la Grèce était à ses pieds. Et cependant, même lorsqu’il développa, au milieu d’une grande assemblée à Corinthe, un plan propre à flatter l’orgueil national, lorsqu’il entama une expédition contre la Perse pour châtier ses fréquentes entreprises sur la Grèce, les Grecs ne surent pas triompher de leurs étroites passions. Philippe ne put effectuer sa campagne vengeresse, il périt assassiné au milieu de ses préparatifs. Mais l’œuvre échut à son fils, au grand Alexandre, qui était destiné à transformer la carte du monde, et qui devait entraîner la paisible Judée dans le tourbillon de ses luttes gigantesques. Le vaste ébranlement qu’il imprima au monde eut pour conséquence de nouvelles épreuves, de nouvelles douleurs pour le peuple juif.

Un Judaïte inspiré avait comparé l’impétueux conquérant à un léopard aux ailes d’aigle. Deux batailles lui suffirent à briser l’empire vermoulu de Perse. L’Asie Mineure, la Syrie et la Phénicie se jetaient à ses pieds ; une foule de rois et de princes venaient le visiter en pompeux appareil et lui rendre hommage. Tyr et Gaza, qui avaient essayé de lui tenir tête, furent prises après un siège, l’une de sept mois, l’autre de deux, et furent sévèrement traitées l’une et l’autre. — Quel fut le sort du minuscule pays de Juda en face de ce puissant vainqueur, à qui peu après l’Égypte entière, l’orgueilleux empire des Pharaons, allait humblement se soumettre ? Les traditions historiques de cette époque ont revêtu la forme de la légende et ne peuvent, par conséquent, être acceptées comme peinture exacte des faits. Il est difficile de croire que les Judéens aient refusé de reconnaître Alexandre pour ne pas violer leur serment de fidélité aux rois perses. On ne voit pas qu’ils aient prêté un serment de ce genre, et les précédents rois de Perse ne s’étaient pas, de leur côté, montrés fort scrupuleux à leur égard. Nous pouvons voir qu’un dire populaire dans le récit qui nous montré Alexandre se dirigeant vers Jérusalem, et soudain, sous le coup d’une vive impression, prodiguant