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CHAPITRE V


LA PERSÉCUTION HELLÉNIQUE ET LES MACCABÉES
(175-167)


À cette époque, en effet, parut un homme, un fils de roi, qui semblait avoir reçu mission de compliquer la situation déjà inextricable de la Judée, et d’appeler sur la maison d’Israël des calamités jusqu’alors inconnues. Cet homme, noté d’infamie par l’histoire, c’était Antiochus Épiphane. Il était de ces natures composites où les instincts bons et mauvais se mêlent à doses égales; à la fois rusé et fantasque, petit dans les grandes choses et grand dans les petites. Aussi ses contemporains eux-mêmes ne comprenaient-ils rien à son caractère, et, à voir les sottises de ce roi, qui semblait ambitionner le surnom d’Extravagant (Épimane), on se demandait s’il y avait chez lui imbécillité réelle ou feinte. L’école où s’était formée sa jeunesse avait grandement contribué à le jeter hors des voies régulières. Son père, après la conclusion de la paix, l’avait envoyé à Rome comme otage, et il y demeura douze ans. Rome, qui venait de triompher des Carthaginois, des Macédoniens et des Syriens, était alors la maîtresse du monde, et elle passait insensiblement de l’austérité des Caton au libertinage des Claude. Là aussi l’immoralité de la Grèce, sa corruption, les goûts dépravés, avaient fait invasion. Mais ce qu’Antiochus avait le mieux appris chez les Romains, c’était le mépris des hommes et de leurs traditions, l’impudence, la dureté de cœur, la cruauté froide et perfide qui joue avec sa victime avant de l’immoler.

Il manœuvra si bien, qu’il obtint de quitter Rome et d’y faire envoyer à sa place et agréer comme otage son neveu Démétrius, fils du roi Séleucus Philopator. Antiochus retourna donc en Syrie, vraisemblablement avec l’intention d’enlever la couronne à