Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/99

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Antioche même, sous les yeux du tyran, un vieillard du nom d’Éléazar souffrit courageusement la mort plutôt que de manger de la chair des animaux offerts aux idoles. On se racontait aussi, chez les Judéens du dehors, l’histoire de cette mère israélite et de ses sept fils, qui, sommés de transgresser leur loi, avaient tous, jusqu’au dernier, résisté à cet ordre et bravé la mort avec une invincible constance. L’exemple donné par ces martyrs de tout âge, ici un vieillard aux limites de la vie, là des adolescents à son aurore, exaltait et fortifiait singulièrement l’âme des autres Judéens soumis à la domination grecque.

Ces héroïques témoins de la foi se multipliaient de jour en jour dans la Judée. Les surveillants établis par Antiochus prenaient pour objectif les villes de province où s’étaient réfugiés les habitants de Jérusalem. Là, aussitôt arrivés, ils érigeaient des autels et, au nom du roi, invitaient la population à immoler des porcs à Jupiter, à en manger la viande et à profaner par le travail la sainteté du sabbat. Aux banquets de la fête de Bacchus, aux réjouissances de l’Ouverture des tonneaux, on les forçait de copier la coutume grecque en se couronnant de lierre, en formant des processions, en poussant des hurlements de joie à la plus grande gloire du dieu de la vigne. Quand un de ces sbires arrivait dans une localité et convoquait le peuple, pour l’inviter à témoigner par un acte quelconque de son infidélité au judaïsme, il ne trouvait presque personne. La plupart s’étaient enfuis et cachés dans des cavernes, dans les gorges des montagnes ou dans les sauvages alentours de la mer Morte. Cette résistance à ses ordres redoubla l’irritation d’Antiochus, qui rendit décrets sur décrets, enjoignant de traiter les récalcitrants avec la dernière rigueur. Et les sbires, à leur tour, redoublaient d’ardeur dans la persécution. Partout où ils trouvaient des rouleaux de la Loi, ils les lacéraient avec fureur, jetaient les morceaux au feu et tuaient ceux qui cherchaient, dans la lecture de ces pages, de la force et des consolations. Ils détruisirent toutes les maisons de prière et d’enseignement qui existaient dans le pays. Si quelque pauvre femme, peu après sa délivrance et en l’absence du mari, avait circoncis son jeune fils, ces bourreaux la pendaient, avec son enfant au cou, à la muraille de la ville.