Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


TROISIÈME PÉRIODE


LA DISPERSION




DEUXIÈME ÉPOQUE


LA SCIENCE ET LA POÉSIE JUIVES
A LEUR APOGÉE




CHAPITRE PREMIER


saadia, hasdaï et leurs contemporains
(928-970)


Après la disparition de la branche des Carolingiens en Germanie, au moment où, dans l’Europe chrétienne, le dernier rayon de la vie intellectuelle s’éteignait sous les ténèbres croissantes du moyen âge, la civilisation juive brillait d’un très vif éclat. Tandis que les hauts dignitaires de l’Église et la foule ignorante étaient d’accord pour condamner toute recherche scientifique comme œuvre diabolique, les chefs de la Synagogue encourageaient, au contraire, le peuple à s’instruire. Pendant trois siècles consécutifs, les docteurs juifs se montrèrent pour la plupart les principaux promoteurs de l’instruction.

Le mouvement qui se développa à cette époque, parmi les Juifs, avec une intensité si remarquable, était dû surtout à deux savants, dont l’un vivait en Orient et l’autre en Occident : c’étaient Saadia, à Sora, et Hasdaï, en Espagne. Avec l’apparition de ces deux esprits éminents commence, dans l’histoire juive, une nouvelle époque, qu’on peut qualifier de scientifique. Ce fut pour le judaïsme comme un nouveau printemps, une époque de jeunesse et d’activité, pendant laquelle la poésie fit entendre ses accents