Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette loi, ainsi révélée, est unique comme l’intermédiaire qui l’a fait connaître à l’humanité ; elle est parfaite et ne pourra jamais être abrogée ni remplacée.

Le caractère divin de la Thora se manifeste non seulement par son origine, mais aussi par son contenu. À côté de lois et de prescriptions, elle renferme des enseignements (dogmes) sur les questions les plus importantes et se distingue ainsi, par suite de ce double caractère, de toutes les autres législations et religions. Bien plus, les lois de la Thora ont toutes un but élevé, de sorte qu’aucune n’en est superflue, ni indifférente, ni arbitraire. On peut donc dire que la Révélation donne satisfaction à l’âme et assure le bien-être du corps, car elle nous fournit des notions exactes sur Dieu et son action sur l’univers, et elle nous apprend à être purs et vertueux.

Pour les penseurs du temps, l’œuvre de Maïmonide devint réellement le Guide des égarés. Car, à cette époque, tous pensaient en disciples d’Aristote et sentaient en juifs, et comme il existait un abîme entre leurs opinions philosophiques et leurs sentiments religieux, ils accueillirent avec une profonde satisfaction le livre qui conciliait pour eux la philosophie et la religion. Expliqués par Maïmonide, bien des passages de la Bible et du Talmud qui, auparavant, leur avaient paru étranges ou au moins insignifiants, prirent â leurs yeux une grande valeur et un sens profond. L’influence du Moré fut surtout très grande sur la postérité. Le judaïsme, tel que l’exposait Maïmonide, n’était plus un système étrange et appartenant au passé, une religion déjà morte et réduite à des pratiques toutes mécaniques, mais une vérité vivante et vivifiante, une doctrine ayant son caractère propre et en accord parfait avec la raison.

Les penseurs juifs des temps ultérieurs se rattachent tous à Maïmonide ; c’est dans le Guide qu’ils vont puiser toutes leurs inspirations, parfois pour renchérir sur le maître, parfois aussi pour le combattre. Et comme, en définitive, ce sont les penseurs qui façonnent la foule et lui impriment la direction, on peut dire que Maïmonide a revivifié et rajeuni le judaïsme. Son œuvre eut un tel retentissement qu’elle fit oublier tous les travaux analogues publiés avant lui, depuis l’ouvrage de Saadia jusqu’à celui de Juda Hallévi.