Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/219

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le côté gauche de la poitrine. Comme, à côté des Juifs, le clergé avait encore à combattre, en Hongrie, les musulmans et les schismatiques, et que les Magyars et les Polonais n’étaient pas encore inféodés à l’Église, les édits du synode contre les Juifs n’étaient pas appliqués très rigoureusement. C’est seulement cinquante ans plus tard que le dernier roi de la famille des Arpades, Ladislas IV, donna à ces édits force de loi en Hongrie.

Dans la Péninsule ibérique également, la présence des musulmans empêchait l’Église de se montrer trop tracassière envers les Juifs, et ceux-ci continuaient d’exercer des fonctions publiques dans ce pays, en dépit de la législation restrictive qui les en excluait. On a vu plus haut qu’Alphonse X avait pour trésorier Don Zag de Malea, fils de Don Meïr, et quoique le pape Nicolas III l’en blâmât (1279), il conserva néanmoins ce fonctionnaire. Si, plus tard, il traita Don Zag et ses coreligionnaires avec dureté, il faut peut-être en chercher la cause dans les événements politiques autant que dans ses préjugés contre les Juifs. En effet, le fils d’Alphonse X, l’infant Don Sanche, dont les rapports avec son père étaient très tendus, contraignit un jour le ministre juif à lui remettre la caisse de l’État. Dans sa colère, le roi fit arrêter Don Zag, qui fut conduit, chargé de chaînes, à travers la ville où se trouvait alors Don Sanche. Celui-ci essaya en vain de sauver le malheureux almoxarif ; son père resta impitoyable et fit exécuter Don Zag (1280). Il châtia même tous les coreligionnaires de Don Zag, bien innocents cependant de la faute de son ministre. Un jour de sabbat, il les fit tous jeter en prison et les condamna à de fortes amendes. Mal lui en prit de cette injustice. Car son fils, qui sentait bien que, dans l’intention de son père, l’exécution de Don Zag et la persécution des Juifs devaient être pour lui un châtiment et une leçon, s’en irrita et se révolta ouvertement contre Alphonse X ; la majeure partie de la noblesse, du peuple et du clergé se déclara pour lui. Alphonse X en mourut de chagrin.

Sous le règne de Don Sanche, la situation des Juifs fut tolérable ; elle varia cependant avec les caprices du roi. Don Sanche réforma la perception des impôts prélevés sur les Juifs. Jusqu’alors, chaque Juif versait pour lui et sa famille, comme capitation, une taxe de 3 maravédis (environ 2 francs). Sur l’ordre de Don