Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/293

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trouvait la plus ancienne communauté de l’Allemagne du Sud, la populace demanda la mort ou au moins l’expulsion des Juifs. Ceux-ci durent leur salut à l’intervention courageuse du Conseil et de la haute bourgeoisie, qui jurèrent solennellement devant le bourgmestre Berthold Egoltspecht de les défendre contre toute agression.

Ces excès sanglants eurent leur contrecoup dans les contrées voisines de l’Allemagne, à l’est comme à l’ouest de ce pays. Quand les flagellants arrivèrent à Bruxelles, un Juif de cette ville, qui jouissait d’une certaine considération auprès de Jean II, duc de Brabant, implora sa protection en faveur de ses coreligionnaires. Le duc la lui promit. Mais les flagellants surent gagner les bonnes grâces du fils du duc, et ils purent massacrer impunément tous les Juifs de Bruxelles, au nombre d’environ cinq cents.

Il y eut cependant plusieurs pays, parmi les moins civilisés, où les Juifs n’eurent pas trop à souffrir. Louis, roi de Hongrie, les expulsa bien de ses États, mais comme mécréants et non pas comme empoisonneurs. Il était très fanatique et s’était irrité contre eux parce qu’ils avaient refusé de se convertir au christianisme. En Pologne également, où sévissait même la peste noire, ils ne furent pas trop maltraités, grâce à la protection du roi Casimir le Grand. Ce monarque se montrait bienveillant pour les Juifs. Il régnait à peine depuis un an quand, sur la demande de quelques Juifs qui lui avaient rendu des services, il confirma (9 octobre 1354) le Règlement promulgué un siècle auparavant par Boleslaw Pius, duc de Kalisch.

Épouvantées par ces massacres, qui s’étaient propagés si rapidement de proche en proche, les communautés juives de la Catalogne, qui, après celles de la Provence, avaient souffert les premières de l’affolement produit par la peste noire, décidèrent de prendre des mesures pour se garantir à l’avenir contre les explosions de fanatisme de leurs ennemis. Elles résolurent d’abord de constituer un fonds parmi les Juifs de l’Aragon pour venir en aide à ceux qui auraient été pillés dans une émeute. Ensuite, on devait envoyer des délégués auprès du roi pour lui demander : d’empêcher par une législation sévère le retour de tels excès ; de solliciter du pape la promulgation d’une bulle qui interdirait aux chrétiens