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faveur (23 février 1422). Dans cette bulle, il rappelle que la religion chrétienne est issue du judaïsme, déclare l’existence des Juifs indispensable au christianisme et interdit aux moines prêcheurs de chercher à isoler les Juifs des chrétiens. Il recommande à ces derniers d’entretenir des relations amicales avec les Juifs. Malheureusement, pas plus le pape que l’empereur Sigismond n’étaient obéis, quand ils plaidaient la cause des Juifs. Les moines continuaient d’accabler de leurs imprécations la maudite nation juive, et le peuple continuait de les maltraiter et les tuer ; les successeurs de Martin V eux-mêmes ne tenaient souvent pas compte de sa bulle. Ainsi, malgré les objurgations du pape et de l’empereur, la communauté juive de Cologne, probablement la plus ancienne de l’Allemagne, fut expulsée tout entière ; elle alla s’établir à Deutz (1426). Dans d’autres villes, à Ravensbourg, Ueberlingen et Lindau, les Juifs, accusés d’un meurtre rituel, furent brûlés (1430).

Cette succession de violences et de persécutions amena forcément l’abaissement intellectuel des Juifs d’Allemagne. Même dans le domaine des études talmudiques, où ils brillaient autrefois, les rabbins allemands de cette époque se montraient assez médiocres. Un autre inconvénient, c’est que les princes se mêlaient parfois de la nomination des rabbins. L’empereur Sigismond chargea l’un de ses agents juifs, Hayyim de Landshut, de nommer trois rabbins en Allemagne. C’est ainsi qu’en Espagne les grands-rabbins étaient nommés par les rois. Il est à supposer que l’empereur se laissa guider dans son choix par l’argent qu’il recevait plus que par le mérite des élus, car il ne perdait aucune occasion de se créer de nouvelles ressources. Quand une école eut été instituée pour y former des chefs religieux, chaque rabbin dut payer une taxe spéciale pour son entretien, quoique l’enseignement y fût gratuit. Souvent aussi les rabbins proposés n’étaient pas acceptés ou avaient des attributions très limitées. Après Jacob Moellin, dont il a été question plus haut, le seul rabbin du temps qui ait laissé un nom fut Menahem de Mersebourg, considéré comme une autorité religieuse par ses coreligionnaires.

En Espagne aussi, les Juifs d’alors brillaient peu par leur savoir. Leur situation matérielle s’était cependant améliorée sous le